"Le sol est jonché de papiers-cadeaux utilisés, froissés par des mains pressées de découvrir ce qui se cache sous la brillance… Une salle où résonne le bruit du papier que l’on récupère au pied du sapin après l’ouverture des cadeaux de Noël. Avec Presents, on se retrouve dans cet entre-deux insaisissable qui suit ce moment, entre félicité et insatiabilité. Le moment de l’après Noël, ce moment où quelque chose vient juste de se dérouler : la fête est fini on le sait, ces coquilles vides sont là pour nous le rappeler. Des coquilles vides oui, mais des coquilles de nacre que l’on aime manipuler amoureusement lors de la préparation des paquets. Le papier-cadeau, une éphémère satisfaction : comme une belle robe ou une somptueuse parure qui aime voiler un trésor caché, le papier est là pour séduire, susciter la curiosité de l’autre…
La question du temps est bien présente dans le travail de Fanette Muxart: du temps passé à emballer avec soin des objets dans du papier, comme le temps qu’elle passe pour nombre de ses minutieuses confections. Du temps à se perdre sur Internet aussi, d’image en image, à la recherche de sujets de séduction comme elle les nomme pour les brillanter.
Brillanter est la dernière étape de fabrication du diamant qui consiste à le tailler à facettes et lui donner son aspect définitif."
Elise Grognet (2008)
Le Parterre de Papier-Cadeaux Sans que le Plafond soit Jaloux
Installation en collaboration avec Berthine Gerbet, 2007
« (…) il suffisait de trouver. Ma seule pépite 9 carats s’effritait à l’usure; Même le papier de verre n’y faisait rien à l’affaire. Sans fermer. Jamais. La poussière envahissait le terrier, les moutons s’y trouvaient enfermés, piégés. Il suffisait de lever le nez et le reste suivait. Un reste de lumière. Les minettes ne sont jamais très loin. C’était pas la peine d’y rester des heures. C’était pas la peine non plus de tourner en rond. A 3 heures moins 5, le faisceau spatial avait déjà balayé le plancher, seule la poudre aux yeux s’était planquée. Tous ceux qui tentaient de s’agripper finissaient par mordre à l’hameçon. Il suffisait de donner à choir. Forcément, face à ce combat de taille, il suffisait d’échafauder. Non pas des strates à gemmes, mais des strass tout de même. Il suffisait de(ux)… »
extrait de Aux vues d’un troisième œil à la complainte fautive, page 117, Laure Carizière,
éditions « Les Riquettes De(l)ux »
"Lost", Vidéo projetée en boucle
"Mine Dort", Matériaux divers, briquettes de charbon, hameçons, parquet
"Sand Paper", Extrait d'une série de 12 dessins, Sable sur papier Polyphane, 20 x 20 cm
"Moutons de Poussière", Peau de mouton et aiguilles, Dimensions variables (1-2 cm)
"Leurres", Crayons de couleurs sur papier, extrait d'une série de 25, 21 x 29,7 cm
Without any VoiceRoses montées brodées sur microphone, ampli, Performance, 2006
L.V.
2005
" L.V. sera le titre de son installation. Elle se positionne
ici comme une enfant gâtée ne voulant voir la réalité en face. Une personne qui
aimerait être ailleurs sans pour autant s’en donner les moyens. La seule
solution est de se créer un autre part, ici.
L.V. se
présente comme un espace de souvenirs inventés. En entrant dans la pièce, ce
qui frappe en premier lieu c’est une musique. Celle d’Elvis Presley chantant
"Viva Las Vegas". Titre compressé en très basse résolution rendant la
musique triste et silencieuse, dénuée de paillettes. Qu’à cela ne tienne, les
paillettes sont épinglées sur une plaque de polystyrène, écrivant un "Las
Vegas" d’un charisme très relatif. Il y a aussi cette limousine, ce cœur,
et cette machine à sous brodés avec du fil à paillettes et perdus au milieu de
feuilles de grand format noires et blanches. Des icônes évanescentes. Rien de
moins, mais surtout rien de plus.
Dans un
coin de la pièce, un frigo. Qu’elle aurait tant voulu américain. Hélas, c’est
un "Beko" acheté à La Redoute pour son prix défiant toutes
concurrences. Sur ce dernier fourmillent des dizaines de magnets à l’effigie
des plus prestigieux casinos de Las Vegas, ainsi que des photos prisent à côté
d’une ferrari. Lunettes de soleil, gants de conduite et veste en cuir. Départ
hypothétique d’une traversée du désert rêvé.
On l’aura
compris, Fanette Muxart manipule les
images de Las Vegas issues de la conscience commune comme un échappatoire. Elle
accumule des signes vécus par tous en tant qu’expérience iconographique, comme
si elle avait peur d’oublier ce qu’il ne s’est jamais passé.
Sur le
Beko, encore une fois hélas car "made in Sweden", des bibelots fait
mains scintillent mollement grâce à des leds. Les étiquettes comportant les
prix sont encore collés, comme s’ils faisaient partie de l’objet. 5 dollars.
Les deux
diamants apposés au mur, grossis 200 fois et peints à l’huile sur du carton, ne
doivent pas valoir beaucoup plus cher.
Fanette
Muxart nous offre, à l’image d’une Sylvie Fleurie bon marché, un espace
dés-enchanté au glamour d’un "Tatoupacher". On est encore loin de Las
Vegas. On est toujours à La Viscose. Tout cela pourrait paraître triste, morose
et défaitiste. Pourtant on retiendra le glissement statique entre rêves et
souvenirs, la beauté de cet acharnement, cette envie de "glitter
world" à moindre coût. L.V. est une comédie musicale sans danseurs ni
paroles, où le dénouement heureux est perpétuellement à espérer."
Marie Jenlain, estrait de Easy Rideuse, 2005
"Paillettes", paillettes sur polystyrène, 50 x 50 cm, 2005
"Diamond", Huile sur carton, 50 x 50 cm, 2005
"Postcards", n°1, huile sur carton Bristol, 10 x 15 cm, 2005
"Sur son 31", n°1, roses montées brodées sur tee-shirt, 2005
"Strass", n°3, broderie sur papier Chromolux, 42 x 59,4 cm, 2005
"Souvenirs", série de boîtes lumineuses, leds, papierChromolux, dimensions variables (1-6 cm), 2005
"Ready to go", série de 7 photographies argentiques, 10 x 15 cm, 2005